Monsieur le Préfet, Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Lors de son discours du 13 avril dernier, le Président Macron optait pour la réouverture des établissements scolaires le 11 mai prochain. Il est évidemment souhaitable que les enfants puissent retrouver le chemin de l’école et poursuivre au plus vite leur scolarité.
Les avis médicaux, cependant, nous invitent à la plus grande prudence. Vous avez certainement pris connaissance de la position de l’Ordre des Médecins pour qui cette rentrée précipitée peut nous amener » à connaître un rebond du virus « , ainsi que de l’étude récente de l’Institut Pasteur qui révèle le très faible niveau d’immunité de la population. Il existe, pour le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, » un principe général qui est de déconfiner dans l’ordre inverse du confinement. Les écoles auraient donc dû être les dernières à rouvrir leurs portes « .
Ce ne sont, par ailleurs, pas les seuls paradoxes au regard de cette décision de rentrée prochaine : pourquoi ne pas autoriser la reprise des cours pour les jeunes adultes que sont les étudiants ? Et pourquoi renvoyer à l’école des enfants en bas-âge ? L’ensemble de ces éléments ne sont pas de nature à nous rassurer.
Nos villes, comme dans la plupart des communes du pays, n’ont cessé de multiplier les initiatives de soutien et d’accompagnement en direction des populations et des professionnels de santé, tout en veillant au respect le plus strict des mesures sanitaires préconisées par le gouvernement.
En même temps, nous ne pouvons manquer de nous alarmer face aux risques majeurs que nous ferons courir à nos enfants et à leurs familles, aux enseignants et à nos personnels. Les élèves les plus jeunes, par exemple, ne pourront pas, quelques soient les modalités mises en œuvre, respecter les gestes « barrières ». En outre, de nombreuses questions, concrètes, se posent si nous voulons aborder cette échéance de manière sereine : quels moyens seront mis à disposition, à quelle fréquence faudra-t-il désinfecter les locaux, comment assurer, en toute sécurité, la restauration et les transports scolaires ? Et tout cela dans un cadre qui ne sera pas propice à l’effort éducatif.
Nous avons jusqu’à présent, avec nos médecins, nos infirmières et nos pharmaciens, une première ligne de front. Ces professionnels de santé font d’ailleurs preuve d’un engagement quotidien tout à fait remarquable qu’il nous faut saluer. Est-il réellement indispensable, à quelques semaines des vacances d’été, d’exposer tout aussi directement les différents personnels éducatifs ?
Nos écoles doivent rouvrir, notre pays doit pouvoir retourner travailler, mais avec l’assurance d’obtenir les réponses sanitaires appropriées. Tant que ces conditions ne sont pas réunies et que toutes les garanties ne soient fournies pour permettre la sécurité de tous, nous sommes contraints d’exprimer les plus grandes réserves quant à la pertinence d’une réouverture des établissements scolaires le mois prochain.
Nous restons bien évidemment et pleinement mobilisés sur nos territoires, et disponibles pour échanger sur ces points avec l’ensemble des autorités impliquées sur ce sujet. Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Préfet, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, l’assurance de notre considération distinguée.
Fabrice BROGI, maire d’Auboué
Jean-Pierre MINELLA, maire d’Homécourt
André CORZANI, maire de Joeuf
Remy VIDILI, maire de Moutiers
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